Passeport Pour Une Naissance

“ Cependant je veux pendant toute ma vie enlever des grains de sable dans l’espoir que le rocher un jour ou l’autre bougera “ Dieter Baumgart

 


 !  Rapport -lettre TÉRÉSA- janvier 2010

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RAPPORT…LETTRE…FIN DE MISSION

Avec l’ association humanitaire « Passeport pour une Naissance »

................................................................;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;…… Térésa FERNANDEZ - "éducatrice PPUN bénévole"

(voir le travail à Diareng en 2009)

2010 …SEVILLE- MADRID- CASABLANCA- DAKAR- DIARENG…


Nous abandonnons Dakar par l´autoroute mais en arrivant à la nationale, les nids de poule (pour ne pas dire: nids d´autruche) sont de plus en plus nombreux.

Puis après de longues heures de voyage nous abandonnons le taxi pour la charrette, et un chauffeur de taxi pour qui sa vie et celle de ses passagers n´a pas beaucoup d´importance, pour un cocher bien tranquille. Le trajet en charrette nous permet de contempler le paysage mais le doux mouvement de la charrette et le son rythmé des pas du cheval nous endorment presque.
Nous contemplons cependant chaque instant du coucher du soleil sans donner d´importance à la longueur du trajet parce que tout est si beau que le temps s´arrête et n´a aucune importance.

Nous arrivons aux fin-fonds de la région, là où la tradition, la religion et les superstitions prennent des dimensions presque irréelles comme s´il s´agissait d´un voyage hors du temps.

 

Les tout petits enfants ont peur quand ils nous voient, si bien que les plus grands les incitent à s´approcher de nous pour les voir ensuite terrorisés dès qu´ils sont très prés.Cela les amuse beaucoup.Cependant les moins petits cherchent à nous donner la main, à la prendre, à la toucher, à la frotter pour essayer de faire partir cette « peinture blanche qui nous recouvre", certains même nous pincent la peau pour voir si elle est réelle.
Et les plus grands de quatre, cinq, six, sept ans n´ont pas peur au contraire : ils nous suivent tout le temps pour voir ce que nous faisons, ils se disputent entre eux pour nous prendre la main, et si ce n´est pas possible, pour nous prendre au moins un doigt. Ce sont ceux que nous avons en classe.


Quand nous leur lavons les mains avant d´entrer en classe, l´eau versée sur leurs mains éclabousse les pieds de sable mouillé. Sur leurs pieds on ne voit rien, mais sur les nôtres si, alors ils s´empressent très vite de nous faire quitter ce mélange de tons marrons qui nous couvre, désolés de nous voir ainsi salies.
Ils nous observent avec attention, nous sommes leur distraction, leur télé, leur radio, leurs livres…
La "classe" commence théoriquement à 8h, mais avec un rythme africain, ils commencent à arriver petit à petit à partir de 8 h et la classe commence vers 8 h 30.
Au début la discipline coûte un peu mais au bout d´une semaine tout le monde a pris le rythme comme si nous travaillions depuis des mois avec eux.
Les chansons et la petite fête- fin de séjour- les remplis d´enthousiasme. Nous alternons les activités avec la calligraphie et quand ils arrivent enfin à faire le o et le i de gauche à droite au lieu du style arabe, nous sommes autant émues qu´eux devant la tâche bien accomplie. Au moment des travaux manuels ils s´appliquent autant que pour la calligraphie ils se concentrent au maximum pour le faire le mieux possible.
A la fin du séjour ils savent des chansons, des poésies, la prononciation des voyelles, comment elles s´écrivent et au cours de la petite fête ils se sont éclatés devant un public qui a beaucoup apprécié les marionnettes, le mime et les chansons.

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Ils voulaient me garder avec eux : « Ne pars pas, tu peux rester ici, tu seras ma grande sœur ». Finalement je leur dis que ma famille est en Espagne, qu´il faut que je parte alors nous allons danser ensemble et à la fin elles me recommandent de danser en Espagne et surtout de dire à tout le monde que ce sont elles qui m´ont appris
à danser. Les salutations sont très importantes et demandent leur temps.On salue tout le monde en se serrant la main et en récitant très souvent en mandingue les phrases suivantes : comment ça va ? Ça va bien, et les proches ? bien, et la famille ? bien, bien, ils sont là-bas. Ensuite l´autre personne recommence la même litanie.On ne les voit jamais s´embrasser, ni les mères avec leurs enfants.

 

Un jour il y avait un garçon parmi les quelques filles qui balayaient la classe. Un des plus grands de l´école arrive et lui demande de ne pas balayer, alors ma mère lui dit : « Et pourquoi pas ? » Il répond : « c´est un travail de femme ». Alors ma mère ajoute, « les femmes balayent, s´occupent des enfants, lavent le linge, repassent, font la cuisine, vont chercher l´eau et les hommes alors que font-ils ? ». Alors le jeune garçon répond : « ils se reposent et ils mangent »!

La situation de la femme ici est très dure. Elles travaillent beaucoup et n´ont aucun pouvoir de décision. Elles sont en général mariées à des hommes qu´on leur a imposés (même les jeunes) étant la première ou la seconde ou la troisième…ou la septième épouse d´un homme qui peut parfois avoir 20 ans de plus qu´elles. Il semble qu´on ne pratique plus d´ablation mais c´est récent.
Les femmes trouvent un peu de repos à partir de 21 heures quand la nuit arrive. À 5 heures du matin on entend le premier appel à la prière et tout de suite après on commence à entendre le bruit régulier du pilon dans le mortier

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Nous logions chez le marabout. Ici il est consulté pour tout: quand nait un enfant on lui amène pour qu´il prédise les dangers qui le guetteront dans la vie il recommande les sacrifices d´animaux correspondant et donne les gris-gris qui conviennent pour échapper au danger. Si un enfant fait un cauchemar on va le raconter au marabout qui l´interprète et agit en conséquence pour chasser les mauvais présages. Il se fait payer bien sûr. Ce marabout, notre propriétaire, a environ 60 ans et 8 femmes. Cet été l´une d´elles est morte; la dernière a environ 16 ans. Il est toujours entouré d´enfants mais nous ne savons pas si ce sont ses enfants ou ses petits enfants.
Lorsque nous sommes allées lui dire au revoir il était installé sur une chaise longue comme un empereur romain, avec un torse bien gras nu et un petit drap qui couvrait ses nobles parties. La plus jeune des femmes l´éventait et une autre a vite été chercher une lampe pour nous éclairer. Ma mère et moi avons abrégé les salutations, et nous sommes parties bien vite pour ne pas en voir plus.


Notre logement a trois pièces. Un salon-salle à manger, cuisine (un camping gaz), deux chaises en plastique, une petite table, un fauteuil sans siège. Puis une chambre c´est à dire deux matelas sur de nattes et les moustiquaires et au fond la douche, c´est à dire une bassine, un petit broc et un trou. Les toilettes sont à l´extérieur à côté de la porte d´une des épouses. Nous sommes dans une concession c´est à dire plein de petits logements familiaux qui donnent sur une cour centrale.
La nourriture est toujours la même: riz et poisson. Le premier jour c´est très appétissant et quand on y goûte délicieux, mais au bout d´un certain temps on n´a même plus envie d´y goûter. Heureusement qu´il y avait quelques pamplemousses et de temps en temps les beignets!

Le petit déjeuner: café soluble et une demi-baguette trempée.

 

L´importance qu´ils donnent à la religion est démesurée. Si quelqu´un a un peu d´argent la première chose qu´il fait c’est construire une maison en ciment, ou agrandir celle qu’il a sans tenir compte ni des matériaux ni des constructions traditionnelles, beaucoup mieux adaptés au site.
La construction est, de plus en plus, prolongée par une mosquée avec son haut parleur correspondant et, à l’heure de la prière, on a l’impression d’assister à un concours, chacun essayant de mettre le volume le plus élevé.
Les enfants après l’école où ils sont nourris grâce a l’ UNICEF vont àl’école coranique et y passent tout la fin de l’après midi et les weekends.

 

La question des déchets n’est pas du tout abordée. On brûle ou on jette dans des puits desséchés; toutes les piles y vont.
Dans la ville il y a tout un réseau d’égouts que les français on laissé sans terminer. Ils sont utilisés comme dépôts d’ordures. C’est aussi choquant de connaître les disputes entre villages. Nous, nous sommes a Diareng, le plus peuplé, le plus riche- Kérakunda est a 2Km. A mi chemin entre les deux villages il y a quelques années une association a installé un réservoir d’eau et partant de là tout un réseau de distribution d’eau pour les deux villages qui, parait il, a fonctionné quelques temps mais, dû à des disputes entre eux l’installation n’a plus été utilisée.

 

J’ai aussi été impressionnée par le nombril des enfants que ressort énormément, comme s’il s’agissait d’une grosse hernie. Je me demande à quoi cela est dû.

 

Aprés plusieurs semaines de séjour nous allons à Dakar. Au cours de la journée libre nous avons visité l’ile de Gorée, la maison des esclaves. L’endroit où les esclaves étaient entassés avant de partir pour une destination inconnue fait froid dans le dos. Le long couloir étroit qui donne àune porte puis plus rien, seulement la mer.
Paradoxalement, Gorée semble être un lieu riche avec des édifices en bon étât et le seul endroit du Sénégal que j’ai vu propre.
Assises sur les rochers nous avons parlé avec de jeunes, l’un d’entre eux, 17 ans, disait avec détermination que si une barque apparaissait, il partirait à l’ instant même, alors que cela pourrait lui couter la vie, parce qu’ainsi, sa famille pourrait vivre… et , lui, ferait une autre chose que nettoyer les chaussures.
Nous avons insisté sur les dangers du voyage et l’assurance qu’en Espagne il n’allait pas être beaucoup mieux.

 

 

Nous rentrons avec l’impression d’avoir fait un bon travail à l’école, avec un très bon sentiment vis-à-vis des gens avec qui nous avons pu communiquer, avec aussi un sentiment aigre doux en voyant la très difficile situation d’un si beau pays avec des habitants si joyeux et accueillants.
Nous pensons que l’association fait vraiment un grand travail parce que dans un lieu où les écoles coraniques poussent comme des champignons elle donne aux enfants la possibilité d’apprendre une langue qui pourra les aider a progresser dans des connaissances générales sur leur vie peut être et sur la notre aussi. Malgré la pauvreté du pays, ils auront bientôt l’électricité et sans doute la route … Il faudra des gens qui puissent communiquer. Et comme nous a dit le directeur de Kerakounda, « Sans l’éducation, mon pays ne peut pas avancer ».


Térésa Fernandez
Janvier 2010

Au revoir, les enfants et à tous.…

Début du travail à DIARENG

L'autonomie: fin du programme