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" 2003 - impressions d'Afrique"

Dés l'arrivée la chaleur. Cette étouffante chape qui descend et nous plie les épaules.

Dés l'arrivée les odeurs. Ces effluves, ces remugles, ces parfums âcres, forts sucrés-poivrés.

Dés l'arrivée la foule. Les cris, les bruits, le remue-ménage, les discussions véhémentes: NON! pas de porteur; merci… rires.

Nous sommes arrivés, nous sommes là: "soyez les bienvenus". Afrique je t'aime.

Trajets: attente…secousses, ornières, horaires (?), départs potron-minet, on cuit, on étouffe, on gèle dans le petit matin toutes vitres ouvertes (non, chauffeur, pas dormir!). Pannes, plus d'essence, on a faim et soif…Pipi! l'épuisement, l'angine…les rires.

Nous arrivons, nous voilà: "on avait ta nostalgie". Régions je vous aime.

Travail. S'adapter, attendre. Essayer, y arriver…ou non. Participer, aider, encadrer(?), essayer encore. Consulter, ausculter, mesurer, palper, écouter ,"pinarder", interroger (enfin, essayer…). Demander de traduire, réécouter, comprendre: essayer! Entendre, prescrire, espérer encore et espérer toujours. Interpeller, questionner, apprendre et enseigner. Sourires.

"Oh! tu as pensé à mes médicaments? Tu m'as pas oubliée,?" Malades, patients, je vous aime.

Eux, elles. Ceux qui nous entourent, qui nous enlacent, qui quémandent, qui nous fatiguent et nous reposent qui nous bousculent et nous secouent. Celles qui interrogent, qui nous écoutent, qui questionnent et qui entendent. Celles qui espèrent, qui voudraient bien, qui aimeraient tant, qui se demandent si…c'est si facile, pour nous…ah! toutes ces demandes. Peguy, donne nous ta petite espérance; et donne nous des sous aussi!

Femmes d'Afrique, soeurs noires, je vous aime.

Le soir. Ciel d'étoiles, lune rousse au sourire d'argent; douches fraîches ou tièdes derrière les canis, à grands seaux; lampes à pétrole, frontale qui choit: où ça? on n'y voit goutte !! Accouchement noir dans le noir: doucement petite maman; petit cri, grand cri de vie, bienvenue mon tout petit.Tendresse moi, village qui m'attendrit.

Petit village, je t'aime.

La piste, les feux de bois la nuit; le marchand de poissons "je t'en donne un de plus: tu es mon amie". Le petit tailleur qui est bien content de sa clientèle toubab, le marchand de pastèques qui nous roule sur le prix, celui de bananes qui voudrait bien aussi…le cordonnier qui cire, qui cire, qui cire…"non, tu me dois rien, c'est toi qui a guéri mon bébé"! Les petit déjeuners dans la rue: café-kinkiliba, café-touba (pouah!), pain-beurre ou pain-mayonnaise (ouh!), "pinton"!! Banas-banas, vendeurs de tout, vous survivez; comment?

Talibés aux haillons crasseux, poussiéreux, galeux. Mendiants au sourire triste je vous aime.

Vous autres, qui avez un peu, qui possédez un peu, qui essayez un peu. Vous qui souffrez moins, qui dirigez, qui commandez, qui comprenez un peu. Vous qui nous côtoyez, qui connaissez nos incompréhensions, nos énervements, nos révoltes inconsidérées, nos étonnements. Gardez votre indulgence, éternellement. Nous sommes si loin de vous, nous sommes si autrement!

Vous autres, rieurs, qui m'attendiez : "enfin! tu nous manquais…" si vous saviez…Vous, je vous aime.

Petite jeune femme, future maman,si tendre si débutante. Petite fille au lourd seau, pileuse de mil, laveuse, seconde (troisième?) épouse, qui ne sait pas, qui ne sait rien. Jeune maman qui a si peur, qui espère tant, qui n'ose pas. Toi qui viens vers moi, qui viens vers nous avec ta confiance, ta croyance, tes certitude et tes espoirs si grands, si sûrs, si durs. Que je ne te déçoive pas trop!

Amour de femme, amour d'Afrique, amour de vous. Amour de rires, amour d'espoir.

Comment me faire pardonner, que je n'aie rien d'autre à vous donner?

Catherine
Présidente PPUN

Lire le "Mot de la présidente" 2009